A quoi sert le management?

On pourrait parfois se le demander. Car la question est loin d’être stupide. Bien sur, le manager, ou le dirigeant, ou le leader (chacun choisit le jargon qui lui convient) est là pour permettre aux process de fonctionner, à l’entreprise d’atteindre ses objectifs. Oui mais justement ces objectifs, ces process, quel sens ont-ils ? Le manager, étymologiquement, est celui qui « a en main » (maneggiare), qui dirige les chevaux dans le manège, qui fait donc tourner en rond si nécessaire. Mais trêve de jeux faciles, le manager est là pour donner du sens et souvent il ne sait plus quel sens donner car il est lui même au cœur d’injonctions contradictoires. La plus classique est celle qui consiste à lui faire dire que les hommes sont « au cœur de l’entreprise » et dans le même temps lui demander de les considérer comme la première et principale variable d’ajustement en cas de crise. Merci pour la cohérence ! D’ailleurs il sait bien qu’il est lui même une variable d’ajustement en puissance.

Le malaise des managers est certain. Ils s’en sortent en apparence en se plongeant à tête perdue dans l’univers de leur digitalisation extrême, avec leurs conférences virtuelles et leur blackberrisation intense, ainsi que dans le sentiment d’urgence que l’environnement professionnel et économique leur permettent de ressentir en permanence. Les bonnes excuses sont aussi nombreuses ici qu’ailleurs.

Le manager peut il encore vraiment « avoir en main » ou a-t-il perdu la main?

La chance du manager, et il faudra qu’il la saisisse, est que la conjonction d’une crise profonde et de changements technologiques majeurs va permettre enfin de pouvoir changer le management. C’est le bon moment pour se pencher sur les façons de se détacher de l’urgence pour apprendre à se reposer mieux sur les autres à travers l’intelligence collective et l’intelligence collaborative. La première sortira d’une culture du collectif et d’un sens donné à ce collectif. La seconde sortira d’un ensemble de pratiques collaboratives encouragées par des managers qui ne voudront (et qui ne pourront) plus tout maîtriser. L’époque est opportune pour revenir aux fondamentaux de l’homme et de sa vie en « société » (dans tous les sens du mot).

Le manager augmenté, qui réussira à se hisser au dessus de son moi blackberrisé d’aujourd’hui, sera justement celui qui comprendra comment se connecter intelligemment au collectif, qui saura retrouver un sens pour lui, pour ses collaborateurs, pour son entreprise. Mais attention, retrouver du sens pourrait bien être politiquement incorrect. Je soutiens depuis longtemps que les indignés ne seront pas que dans la rue mais qu’ils seront bientôt dans l’entreprise, exigeant un autre sens que celui qui fut donné par le « marché » depuis vingt ans.

Le management doit donc contribuer, aussi, à augmenter les hommes en les rendant plus sereins, plus engagés et plus imaginatifs. L’institut Boostzone se consacre intensément à ce thème, lié de près au collectif et au collaboratif, et qui a besoin encore de beaucoup de réflexion et de sagesse pour être développé afin de permettre au métier de manager et à l’art du management de retrouver leur noblesse.

2 Comments

  1. robert.locke 14 décembre 2011
  2. Dominique Turcq 19 décembre 2011

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