Une « communauté des managers »: pour quoi faire?

Les « Réseaux Sociaux » ont tout changé dans notre société au sens où désormais la communication sociale horizontale (de pair à pair) est dominante et s’ajoute sans complaisance à toute communication sociale « top down ». L’entreprise n’est pas épargnée et l’on parle beaucoup des Réseaux Sociaux d’Entreprise (RSE). L’addition la plus récente à ce vocabulaire est celui de « Communauté des Managers » utilisé de plus en plus par les DRH, les dirigeants en charge de la culture interne, etc. Le concept est encore un mot valise mais, et peut être justement grâce à cela, il va probablement se répandre rapidement. Il correspond en effet à un véritable besoin et à une véritable solution à condition que chaque entreprise précise les contours qu’il devrait avoir dans sa culture propre.

 

Un véritable besoin 

Les managers sont perdus entre les pressions du marché, les attitudes nouvelles de leurs collaborateurs notamment à cause des réseaux sociaux, des masses d’information et de communications qui envahissent leur mails, des injonctions contradictoires qu’ils reçoivent, etc. Ils se sentent parfois exclus de pans entiers de la dynamique de l’entreprise, déconnectés du sens de celle ci et de leur travail. L’idée d’une communauté n’est donc pas sotte puisque les managers partagent des préoccupations similaires. Mais attention ce n’est pas parce qu’on partage les mêmes soucis que l’on a envie de se retrouver tous ensemble pour pleurer ou pour changer le monde. Les envies d’actions, d’échanges, de réflexion, de progrès, voire de révision des systèmes ne peuvent que constituer une mosaïque. La « grande » communauté des managers sera donc une illusion si elle cherche à être plus qu’un concept générique comme celui du  XYZ collaborative Way ou autre expression désormais convenue. Bien conçue cependant elle peut être essentielle pour créer un sentiment d’appartenance à une entité collective cohérente.

Une vraie solution

Mais permettre qu’à l’intérieur de  la catégorie des managers, fort large au demeurant, certains se retrouvent en communautés (avec un s cette fois ci) autour de problématiques diverses les concernant pour leur travail ou leur développement, ne peut qu’être une bonne chose qui aboutira à plus d’engagement, de gains de productivité et d’innovation. Les bienfaits du collaboratif et du collectif ne sont heureusement plus à démontrer pour la plupart des dirigeants, même si les résultats de nombreux programmes de réseaux sociaux d’entreprises, lancés sur de l’enthousiasme et non sur une véritable réflexion de gouvernance, laissent encore à désirer. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain: la collaboration bien pensée et organisée change l’entreprise et la rend plus compétive mais elle n’est pas un gadget, qu’il s’agisse de la communtauté des managers ou de toute catégorie de collaborateurs.

Le besoin d’une réflexion adaptée à chaque entreprise

Les managers n’existent pas ex nihilo, ils sont une population spécifique dans chaque entreprise, avec ses jeux de pouvoirs, ses clans de fait, ses logiques collaboratives existantes, bref sa culture faite de règles et de beaucoup d’informel que chacun a découvert et maîtrisé progressivement. Cette « culture collaborative » de départ est modifiée par l’arrivée de tout élément collaboratif ou communautaire nouveau, interne ou externe, qu’il s’agisse d’ outils, de nouvelles pratiques suggérés ou d’usages naissants. Le changement viendra de nouvelles pratiques comme de se parler entre silos, de systèmes d’évaluation nouveaux qui devront mieux inclure les contributions au collectif, de nouveaux usages comme ceux consistant à mieux échanger des informations ou à « regarder » ses collègues sur Linkedin voire sur Facebook.

Créer une culture communautaire dans laquelle les managers se sentiront à l’aise peut permettre l’apparition d’un avantage compétitif, encore faut il bien concevoir le mouvement et le structurer sans en même temps vouloir le contrôler. Un vrai défi de gouvernance.

Ce billet a été publié dans la revue  RH&M n°49 de RH&M

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  1. Napolitano 30 avril 2013

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