Trois (nouvelles) compétences de gouvernance pour les dirigeants

Notre monde est, dit-on, devenu VUCA (Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu) et le digital aurait tout envahi, il y a certainement du vrai. Mais nos ancêtres, il y a seulement un siècle (1916 !), voyaient-ils vraiment le monde comme stable, prédictible, simple et clair ? Il y a toutes les raisons d’en douter. Ce culte du VUCA et du digital n’est-il pas aussi une façon de se dédouaner d’une impuissance à gouverner ?

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Ne serait-il pas essentiel (c’est à dire de l’essence même) pour les dirigeants de revenir à quelques principes de base de la gouvernance ? Prenons en trois.

ARRÊTER DE FANTASMER SUR LE DIGITAL ET PASSER AU JULEVERNISME

Le gouvernant est celui qui doit voir loin, au-delà des modes et des bouleversements. Il est temps d’arrêter de se lamenter sur la vitesse du changement et sur le tsunami digital. Il est temps de voir que nous baignons définitivement dans le digital comme nous baignons dans l’électricité, qu’il est notre nouveau normal, qu’il n’est plus un phénomène exceptionnel.

Tirons-en les conséquences en termes d’organisation, de stratégie, d’opérations, bien sûr et c’est une évidence, mais sachons aussi voir qu’il y a d’autres bouleversements qui arrivent, qu’il nous faut préparer nos organisations, s’approprier l’avenir du mieux que nous pouvons. Jules Vernes rêvait les technologies à venir. Faisons en autant avec toutes les forces à l’œuvre, technologiques ou non. Essayons de voir loin, d’agir proche.

 

LE HI TOUCH LOW TOUCH

Ne faut-il pas redécouvrir l’humain, non pas conceptuellement mais pratiquement ? C’est à dire qu’aussi bien pour les collaborateurs que pour les clients, le contact humain, la relation Hi Touch , le lien visuel et oral sont essentiels. Un dirigeant, un manager ou un vendeur qui n’est pas disponible, car il est soit disant débordé, est soit mauvais dans son rôle, soit dans un mauvais système qui le contraint vers des tâches l’éloignant du terrain, c’est à dire du contact avec les hommes. Il faut trouver, inventer souvent, la nouvelle bonne mesure et les bons moments entre la relation intermédiée par des écrans, des bots et la relation directe et personnalisée.

 

RE-DONNER DU SENS A L’ENTREPRISE ET À SES HOMMES

A quoi sert l’entreprise ? Ne faut-il pas le rappeler de temps en temps ? Le temps où l’entreprise ne servait qu’à enrichir l’actionnaire est passé, la société a pris conscience que l’entreprise a de nombreux stakeholders qu’elle doit au moins respecter, voire servir, qu’il s’agisse des clients, des hommes qui travaillent pour elle (tous, pas seulement les CDI), de son environnement social économique ou écologique, du progrès des technologies ou des sciences, et évidemment de ses créanciers dont ses actionnaires. Chaque entreprise a ses buts, ses valeurs, ses stakeholders prioritaires. Le rappeler et traduire ces buts en sens pour tous ceux qui y travaillent ou qui sont en relation avec elle, au-delà des discours creux et lénifiants du « service client », de l’« Employee first, Customer second » ou de la « qualité d’abord », ô combien ringards et peu mobilisateurs, fait partie du rôle fondamental (c’est à dire donnant des fondements) des dirigeants.

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La confiance est omni présente dans ces trois exemples, elle entraîne trois dimensions pour le dirigeant : savoir faire confiance aux autres, inspirer confiance, avoir confiance en soi. Aucune n’est évidente mais qui a dit que diriger était simple ou l’aurait jamais été ?

Cet article a été publié en octobre 2016 dans RH&M dans la rubrique Management Stratégique 

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