Nouvelle responsabilité sociale et l’éthique du fer à repasser

Depuis l’article de Milton Friedman, en 1970 dans le New York Times, qui présentait la maximisation du profit de l’actionnaire, propriétaire de l’entreprise, comme seule mission légitime de celle-ci, beaucoup d’encre a coulé pour redéfinir le sens de l’entreprise, sa mission, et nous n’en sommes qu’au début. Mais sommes-nous prêts à comprendre les implications les plus élémentaires de ce retour à une responsabilité sociale de l’entreprise ? 

Quel « incentive » pour le vendeur de fer à repasser?

Comment le détaillant de biens électro-ménagers doit-il récompenser les efforts de ses vendeurs ? Par le montant du chiffre d’affaire réalisé ? Par la maximisation des ventes à forte marge ? Par la capacité à vider les stocks de vieux rossignols ? Par le bilan des externalités des produits vendus notamment en amont (bilan social des conditions de production, bilan carbone de la production, de la distribution, de l’emballage, de la logistique) et à venir (consommation des appareils, obsolescence programmée, recyclage) ? Ou encore par la satisfaction des consommateurs et donc par le travail d’écoute des clients et de compréhension fine de leurs besoins ?

Avouons-le, c’était plus facile avant !

Les choix éthiques commencent au ras des pâquerettes

De nouvelles définitions des missions demandent de nouvelles pensées, ou plus exactement demandent enfin une pensée un peu plus sophistiquée que viser la simple augmentation du profit pour l’actionnaire. Il va s’agir de faire des compromis, c’est inévitable. Les intérêts des différentes parties prenantes, dont bien sur les actionnaires, doivent impérativement être équilibrés à l’intérieur d’une définition de la mission. Il ne s’agit pas pour toutes les entreprises d’avoir une même mission, ce serait absurde et non différentiant. Mais il devient essentiel que toute entreprise ait une mission qui soit acceptable, et compréhensible, par toutes les parties prenantes, à la fois aujourd’hui et demain. Notre société avance, ses exigences aussi, la mission doit tenir compte des exigences à venir, notamment en externalités, en respect des clients et en respect des collaborateurs.

Éthique fractale

Le vendeur de fers à repasser ne peut pas être tenu pour responsable de l’éthique choisie par son entreprise. Il est contraint à ne pas penser, à appliquer, et tant pis si l’éthique de l’entreprise ne lui convient pas. Vraiment ? Cela aussi est en train de changer. Même les employés de la Silicon Valley commencent à contester les pratiques de Google, Apple, Amazon, Facebook. Les parties prenantes, comme les ONG ou les consommateurs, ne sont plus les seules à exiger des pratiques nouvelles de RSE. Le vendeur, ou le programmeur, va redemander, à juste titre sa liberté de penser ou, à tout le moins, va s’interroger mieux sur les finalités de son travail, sur le sens de sa mission, à son échelle. Les valeurs de la nouvelle RSE vont devoir se retrouver à tous les niveaux de l’entreprise.

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L’entreprise à mission n’est pas qu’un concept philosophique, sociologique, économique, stratégique en lien avec un nouveau mode de pensée de notre société, elle est aussi une révolution à venir dans les processus de réflexion stratégique, de contrôle, de motivation, de communication.

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