Le monde du travail pré « net zéro » : une tempête parfaite ? Les RH en première ligne
Photo de Dziana Hasanbekava provenant de Pexels

Le monde du travail d’hier, à l’ère digitale, ou celui d’aujourd’hui, à l’ère de l’IA et des neurosciences ou du post-Covid, nous ont challengés. Mais le plus intéressant n’est-il pas d’essayer de comprendre comment il va évoluer à l’ère de la transition vers le net zéro, pour ces trente décisives d’ici le milieu du siècle. 

Une tempête parfaite se met en place
L’expression « tempête parfaite » désigne ces cas où un grand nombre de variables se mettent à évoluer ensemble, de façon violente et peu prévisible pour créer un effet de chaos. C’est ce qui arrive au monde du travail. 
Les enjeux géopolitiques et géoéconomiques avec ce qu’ils entraînent en exigences d’autonomie, en raréfactions à venir, en changements impliqués quant au modèle d’affaires lui-même vont bouleverser les besoins en savoir-faire et les processus de travail.
La complexité de recrutement ou de rétention de talents va augmenter avec l’inflation, les exigences des collaborateurs quant au sens de leur travail, aux conditions de mobilité et aux avantages sociaux.
Les mesures législatives et réglementaires en cours et à venir quant à la préservation de la planète, avec leur cortège vont bouleverser offre et demande de savoir-faire sur le marché.
Les nouvelles notions de performance, surtout dans un contexte RSE, vont demander de nouvelles visions et de nouveaux indicateurs.
Enfin, les sciences cognitives vont conduire à de nouvelles formes d’hygiène décisionnelle et donc d’organisation et de contrôle des processus décisionnels. 
Il ne s’agit pas ici de phénomènes conjoncturels, mais, bien plus profondément, d’une évolution de l’économie et de la société et donc du monde du travail à laquelle il va falloir adapter les entreprises de façon durable.

Un nouveau management est à inventer
Non seulement les savoir-faire d’aujourd’hui vont être mobilisés à leur maximum, mais de nouveaux savoir-faire vont devenir nécessaires. 
Parmi les savoir-faire actuels à mobiliser au maximum, soulignons :
D’abord, gérer les relations avec les partenaires sociaux et, de façon croissante, les autres parties prenantes, et notamment les tribunaux sociaux que sont devenus les réseaux sociaux.
Ensuite, organiser le travail collaboratif. C’est déjà une fonction majeure, mais elle devient à l’évidence cruciale comme facteur de motivation. Il en est de même des enjeux de QVT, d’équilibre vie privée vie professionnelle, de diversité et, enfin, bien sûr, des enjeux de gestion des lieux de travail et des temps de transport. 
Mais le net zéro va aussi conduire à s’occuper de dimensions nouvelles. 
Mentionnons d’abord la nécessité désormais de savoir procéder à l’analyse du bilan carbone du facteur humain et des méthodes de travail dans l’entreprise et dans son écosystème.
Rappelons que la transition écologique va demander une planification, donc des priorités, donc va créer des mécontents. Il faudra justifier ses choix en permanence dans un univers social en conflictualité chronique où la communication est devenue d’une diabolique complexité.


Le besoin de nouveaux indicateurs. 
Ces nouveaux enjeux, pour être gérés, vont demander de nouveaux indicateurs. Par exemple : comment mesurer l’empreinte CO2 liée au modèle humain ? Qu’est-ce que la QVT en ère pré net zéro ? Beaucoup de ces indicateurs n’existent pas encore. Les entreprises doivent s’en saisir et en faire un outil de management crédible en interne comme en externe.

Une place encore plus centrale pour les RH
Tous les dirigeants sont concernés, mais en particulier les RH, car leur rôle change considérablement. Ils deviennent de plus en plus des stratèges essentiels à la réussite de l’aventure sociale et écologique qu’est devenue une entreprise, au-delà de son aventure économique. Ils doivent contribuer à la différenciation stratégique de l’entreprise. Pour cela, leurs savoir-faire vont devoir (encore) s’enrichir. Cette profession décidément n’en finit pas d’évoluer !

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